TRANSPORTS - Quand le trafic va-t-il reprendre, combien de gens sont coincés, est-ce dangereux...? 20minutes.fr fait le point sur les questions que pose cette crise.
Depuis mercredi l’éruption du volcan Eyjafjöll sous le glacier Eyjafjallajokull, au sud de l’Islande perturbe la quasi-totalité du trafic aérien européen. Du jamais vu. Même après les attentats du 11-Septembre. Tour d’horizons des conséquences de cette réuption.
Suivez l’évolution du nuage de cendres et ses conséquences, notamment sur le trafic aérien encliquant ici.
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1. Où est le nuage de cendres?
Ce dimanche midi, le nuage de cendres englobait la totalité de la France, selon Météo France. Etaient également sous le nuage: la quasi-totalité de l’Europe, sauf le sud de l’Espagne, le Portugal, un bout de l’Italie, la Grèce, le sud des Balkans, le nord de la Suède et de la Norvège, l’Islande.
Voir le positionnement du nuage, dimanche, sur le site d’Eurocontrol.
Pour les dernières infos du trafic aérien, consultez le comptetwitter d’eurocontrol.
2. Quand l’éruption du volcan va-t-elle prendre fin?
Selon le gouvernement islandais, l'éruption du volcan Eyjafjöll baisse d'intensité depuis samedi soir. «Actuellement le volcan se dégonfle... Nous nous attendons à voir rapidement un changement» dans l'intensité de l'éruption, a indiqué pour sa part à l'AFP la professeur de géophysique Sigrun Hreinsdottir de l'Université d'Islande, qui a toutefois mis en garde contre d'éventuelles nouvelles explosions du volcan en préparation. De plus, l’éruption du volcan Eyjafjöll pourrait être suivie par celle du Katla, considéré comme beaucoup plus dangereux , et qui est endormi depuis 1918.
3. Pourquoi le nuage de cendres empêche-t-il les avions de voler?
Le nuage de cendre est constitué de roche pilée. Pour le volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff,interviewé vendredi par 20minutes.fr, «c’est un peu comme si un avion traversait de la glace pilée. Le nuage est très abrasif, il peut bloquer les réacteurs». Dans les années 1980, un avion avait traversé un nuage volcanique de ce genre. Ses quatre réacteurs s’étaient arrêtés en même temps, avant de repartir. Selon le volcanologue, seize accidents d’avion ont été recensés, sans faire de victimes.
4. Quand le nuage de cendres va-t-il se dégager?
Pas tout de suite, la météo n’étant pas du tout favorable à une dispersion rapide du nuage. En raison d'un anticyclone et de vents très faibles sur la France, «les particules restent en suspension dans l'atmosphère ou tombent petit à petit, explique le prévisionniste de Météo France Patrick gallois. Il n'y a pas de vent ou de pluie pour les lessiver.» Pire, cela pourrait s’aggraver mardi, car des vents de nord-ouest peuvent «ramener à nouveau des poussières venues d'Islande». En revanche, des «précipitations significatives» sont attendues jeudi dans le sud de la France.
5. Quand le trafic aérien va-t-il pouvoir rependre complètement?
François Fillon a annoncé samedi que le trafic aérien devrait reprendre lundi à 8h dans les aéroports parisiens. Certes, mais cela ne signifie pas pour autant la fin de la galère pour les milliers de voyageurs bloqués. Même en cas de redémarrage rapide du trafic, «il y aura tous les passagers qu'il faudra acheminer (...) et il y aura aussi le problème des avions et des équipages, il faut organiser les rotations et les mouvements d'équipages », a prévenu samedi le secrétaire d'Etat aux Transports Dominique Bussereau. Par ailleurs, la commission européenne mène d’intenses consultations avec les gouvernements européens pour faire ouvrir quelques routes aériennes dès le début de la semaine.
6. Pourquoi y a-t-il quand même quelques avions qui volent?
Les compagnies aériennes effectuent, avec l’aval des autorités, des vols dits de repositionnement. Il s’agit de les reconduire à leur point de stationnement afin de pouvoir faire repartir plus rapidement le trafic quand les restrictions seront levées. Ces avions volent cependant à vide, sans passagers.
7. Les précautions prises ne sont-elles pas trop importantes?
Cela commence à râler chez les compagnies aériennes. Ainsi Air Berlin et Lufthansa critiquent les autorités pour l'absence de calcul de la concentration de cendres volcaniques dans l'air. «En Allemagne, il n'y a même pas eu de ballon météo pour mesurer si et combien de cendres volcaniques se trouvent dans l'air», regrette Joachim Hunold, patron de la deuxième compagnie allemande Air Berlin dans le Bild am Sonntag. Lufthansa a effectué samedi dix vols de repositionnement entre Munich et Francfort (lire la question 6). Ils en ont profité pour faire des tests. Les avions ont volé à différente altitude, entre 3.000 et 8.000 mètres, et «apparemment jusqu'à 8.000 mètres, il n'y a pas de cendres volcaniques», ajoute-t-il.
8. Combien de Français sont bloqués à l’étranger?
Selon le ministre de l’Ecologie, Jean-Louis Borloo, au moins 50.000 Français clients des tours opérateurs seraient bloqués à l’étranger. Chiffre auquel il faut ajouter tous les passagers individuels, touristes et hommes d’affaires qui sont entrain d’être recensés. En tout, 150.000 Français seraient ainsi dans l’impossibilité de revenir en France, a déclaré ce dimanche Dominique Bussereau tout en ajoutant «c’est du pifomètre», lors d’un point de presse au secrétariat d’Etat aux Transports.
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9. Les voyageurs coincés vont-ils être remboursés?
Tout dépend où ils sont et surtout sur quelles compagnies ils volent. Les entreprises européennes devraient rembourser les voyageurs dont le vol a été annulé. Mais les Européens bloqués aux Etats-Unis qui avaient choisi une compagnie américaine ne peuvent faire valoir ce droit. En revanche les agences de voyages ne sont pas sommées de rembourser leurs clients, puisqu’il s’agit d’un cas de force majeur. Pour les voyages non effectués, les tours opérateurs se sont toutefois engagés à offrir aux passagers un avoir valable sur une durée de 6 mois. Les compagnies aériennes, de leur côté, se sont engagées à proposer à leur client soit un remboursement, soit un vol à une date ultérieure. Autre moyen d'être remboursé: son moyen de paiement, puisque nombre de carte bancaire offre aussi des garanties de remboursement.
10. Combien va coûter cette crise?
Des millions d’euros. D'après l'Association internationale du transport aérien (Iata), la fermeture des aéroports coûte quotidiennement plus de 200 millions de dollars (147,3 millions d'euros) au secteur aérien. La paralysie du trafic pourrait coûter 30 millions d’euros à Air France - KLM. Car c’est tout le fret aérien qui est aussi cloué au sol, 2.500 tonnes par jour, dont des denrées périssables. Un groupe de travail va être mis en place à Bercy, en début de semaine, pour évaluer les conséquences économiques de la fermeture de la plupart des aéroports français.
11. Qui va payer la facture?
C’est toute la question. Notamment pour les voyagistes qui n’entendent pas payer la facture tout seul, de peur de faire faillite. Et si Dominique Bussereau les a sommés de s’occuper des voyageurs coincés, ils ne l’entendent pas ainsi. Ce dernier devrait cependant annoncer des aides au secteur. Mais ce n’est pas le sel touché, les compagnies aériennes, les transporteurs, les magasins des aéroports, les fournisseurs de repas dans les avions... tous sont touchés. Or en cas de force majeur un événement à savoir «imprévisible et irrésistible» les compagnies d’assurance ne sont pas tenues de payer la facture.
12. Le nuage de cendres est-il dangereux pour la santé?
La Direction générale de la santé et les volcanologues assurent que non. Certes. Mais en Ecosse, l’Agence de protection de la santé a tout de même conseillé aux gens qui «remarquent des symptômes comme une démangeaison ou une irritation des yeux, un nez qui coule, un mal de gorge ou une toux sèche» ou qui «sentent une odeur d'oeuf pourri ou une forte odeur d'acide» de «limiter leurs activités extérieures ou se mettre à l'abri».
13. A-t-il un impact sur le climat?
A priori non. Au début des années 1990, l’éruption du volcan philippin Pinatubo avait entraîné un refroidissement de 0,5 à 0,6°c de l’hémisphère nord. Mais selon le volcanologue islandais Freysteinn Sigmundsson, cité par lemonde.fr, «le volume de matière émis jusqu'à présent est dix à cent fois plus faible que dans le cas du Pinatubo. Il représente moins de 100 millions de m3, qui ont été projetés jusqu'à 6 km d'altitude.» En clair, cette éruption paralyse le trafic aérien, mais ne devrait pas avoir d’impact sur le climat.